Je ne gazouillerai pas comme un tweet

Je siffle souvent, comme un merle ou une corneille, selon l’heure. Mais ce que je ne fais pas, c’est gazouiller.

Je reconnais le rôle de premier plan et souverain que joue l’Office québecois de la langue française (OQLF) depuis 1961, tout comme le travail herculéen réalisé par le Bureau de la traduction, principal organisme linguistique fédéral au Canada. Non seulement les ressources que ces deux institutions produisent et diffusent sont d’une valeur inestimable pour une multitude de corps de métier (de l’enseignant au publiciste, avec tous les degrés de représentation dans le milieu), mais leur présence active et leurs efforts acharnés en aménagement linguistique ont sans conteste joué beaucoup dans la préservation du français, ici et j’irais jusqu’à dire ailleurs, leur rayonnement étant international.

Du côté terminologique, tant l’OQLF que le Bureau ont réussi d’une part à normaliser les vocabulaires et jargons dans une foule de domaines, et d’autre part à endiguer (juqu’à un certain point) les vagues d’anglicismes. Le travail des lexicologues et terminologues a parfois donné lieu à des perles, parfois à des, à des, hum… à des quelque chose qui est le contraire d’une perle.

Du côté des perles, là où ça passe, deux exemples qu’on ramène toujours en avant: baladeur et courriel. Ces deux créations ne sont pas de simples traductions ou transpositions du mot original : ces termes représentent et évoquent l’acception désignée tout en semblant tout à fait naturels. En plus, ils sont brefs comme leur pendant anglais – walkman et email.

Mais là où ça casse, du côté des non-perles (donc, j’imagine des billes de plastique mal moulées où paraît encore la raie de moulage, et nous coupe si on s’y frotte), là où j’ai des élans forcenés de bruxomanie, c’est lorsque Radio-Canada fait utiliser à son personnel un terme comme gazouillis en lieu et place de tweet, et sa forme verbale gazouiller (au moins, il y a un système).

Ou que Jet pack est rendu par scooter de l’espace. Si dans le premier exemple, on parle d’un zèle peu commun et d’un décalage sans mesure avec la réalité, le deuxième est un pur exemple de débilité.

Twitter est une marque. Les micromessages qu’on envoient et consultent sur son site sont uniques. Quand on envoie un petit message sur un autre réseau social, on ne tweete pas. On ne tweete que lorsqu’on est sur Twitter. Alors, je vais y aller de ma recommandation: quand il y aura un site qui s’appellera Gazou où l’on fera X, je gazouillerai. Je gazouillerai haut et fort, du matin au soir s’il m’en chante, et jusqu’à la lune sur mon scooter de l’espace.

D’ici là, je dois dire à mes clients – que j’affectionne particulièrement – que l’OQLF ou le Bureau recommande un usage au lieu d’un autre. En ajoutant du même souffle que s’il faut gazouiller, moi, ça me fait rugir.

Mesdames, messsssssieurs, Roger Whittaker…

3 thoughts on “Je ne gazouillerai pas comme un tweet

Laissez un commentaire - Leave a comment